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Qu'est-ce que l'animation ?

Photo du rédacteur: Guillaume LUCEGuillaume LUCE

Dernière mise à jour : 26 déc. 2021

Entretien avec Ninon Tevanian


Ninon Tevanian
Illustration de Ninon Tevanian

Le 14 novembre 2021, le cinéclub de Passeurs de films a projeté Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary – un film d'animation de Rémi Chayé consacré à l'enfance de la femme la plus célèbre de l'Ouest américain et récompensé au Festival d'Annecy en 2020. Après le film Ninon Tevanian, illustratrice diplômée de l'Ecole de l'Atelier d'Angoulême est venue nous parler de sa spécialité, le cinéma d'animation.





Bonjour Ninon, peux-tu nous présenter ton parcours ?


Bonjour Guillaume ! En juin j'ai obtenu un diplôme en cinéma d'animation et j'exerce aujourd'hui une activité d'illustratrice. Je voulais faire du dessin, j'ai donc commencé en apprenant l'animation 2D traditionnelle en utilisant du papier et des crayons. Ensuite je suis passée à la 2D digitale.



Selon toi, qu'est-ce que l'animation ?


L'animation consiste à faire bouger une image dessinée à la main ou à l'ordinateur, et parfois des objets comme on le verra. Il s'agit de produire un travail très clair pour s'assurer que l'intention et l'émotion soient transmises le plus naturellement possible.

Il existe trois types d'animation : la 2D, à l'origine sur papier (Bambi) est aujourd'hui réalisée sur tablette graphique et sur ordinateur. L'illusion du mouvement est crée dans un espace bi-dimensionnel à l'aide de dessins de personnages, d'effets visuels et d'arrières-plan séquencés dans le temps. Le rendu est assez plat contrairement à celui de l'animation 3D (Toy Story) qui représente des objets, décors et personnages en relief . Chaque élément est conçu comme un modèle dont l'apparence change en fonction du point de vue adopté et de son exposition à la lumière, ces contrastes permettent d'obtenir une impression de profondeur. La 3D est réalisée entièrement sur ordinateur avec des logiciels complexes. Enfin, le stop-motion (Ma vie de courgette), consiste à prendre des photographies d'objets immobiles - comme des marionnettes par exemple - dans différentes postures, et de les faire se succéder pour simuler le mouvement.


Dans ma spécialité, l'animation 2D, le mouvement est décomposé en trois dessins : celui du point de départ du mouvement, celui de mi-parcours, et celui du point d'arrivée. Pour une seconde d'animation, il faut douze dessins pour vingt-quatre images. Chaque dessin est donc montré deux fois. Il me faut donc dupliquer les trois dessins originels pour les décliner en les retravaillant sur ordinateur pour assurer la continuité du mouvement d'un dessin à l'autre. Selon le rendu que je souhaite obtenir, je peux modifier le nombre d'images par seconde, soit pour accélérer le mouvement soit pour le ralentir.



Quelles sont les différentes étapes de la réalisation d'un film d'animation ?


On pourrait résumer cela en six grandes étapes :


1. La recherche de l'idée qui donne lieu à l'écriture du scenario,

2. La réalisation de croquis préparatoires. Il s'agit de mettre en images tout le film dans cette phase de pré-production. On réfléchit aux ambiances du film et à tout son univers graphique : les concept art, la création des personnages (chara design), le décor, la palette de couleur,

3. Le dessin du storyboard, qui consiste à diviser le film en plans puis en séquences,

4. L'animation (effets speciaux, décors) et le compositing : l' assemblage des éléments présents sur plusieurs calques afin de constituer le plan,

5. Le montage où l'on réunit les scènes pour créer le film,

6. L'enregistrement des bruitages et des voix pour le mixage.



Qu'est-ce qui t'attire dans le domaine de l'animation ?


J'aime créer l'univers graphique de l'histoire. La phase de pré-production m'intéresse particulièrement. Elle consiste en une étape de recherche, la réalisation de tests de couleurs destinées à constituer la palette du projet, le dessin de concept art et la création de chara design. Tout cela participe à la création des ambiances que l'on retrouvera dans le film.



As-tu un projet sur lequel tu as travaillé et qui te tiens à cœur ?


Mon film de fin d'études, Le Silence de l'eau, sur lequel j'ai travaillé plusieurs mois dans un groupe de quatre. J'ai occupé des postes plutôt distincts : du chara design, des séquences d'animation et de la recherche de palette de couleur.




Quels sont les studios d'animation qui comptent en ce moment ?


J'aime le travail de The Line, un studio anglais qui travaille avec Riot Games sur les clips inspirés de la franchise League of Legends (LoL), un jeu de stratégie en équipe. Les concept art et les chara design qu'ils produisent sont magnifiques. Récemment Riot Games a fait appel à Fortiche, un studio français plutôt spécialisé dans les formats courts mais qui s'est récemment occupé de la série Arcane, disponible sur Netflix. Le studio Parallel est intéressant lui-aussi !



Quel conseil donnerais-tu à ceux qui souhaitent se lancer dans l'animation ?


Il faut aimer dessiner et ne pas se faire trop d'idées avant de commencer, mais simplement garder à l'esprit qu'il s'agit d'un artisanat très technique qui demande beaucoup de travail.



Pour terminer, peux-tu nous dire un mot sur Calamity ?


Le film offre un parti pris graphique très intéressant, les dessins sont dépourvus de contours. Le travail de recherche de l'univers est remarquable. Pour réaliser ce film il a fallu environ un an et demi. A titre de comparaison le premier film de Rémi Chayé (illustrateur diplômé de l'école de la Poudrière), Tout en haut du monde, a nécessité trois ans de travail et mobilisé une équipe d'une quarantaine de personnes.




Si vous avez manqué la séance du cinéclub, voici la bande annonce du film de Rémi Chayé.




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